Intervention de réparation de Bankart antérieure

Docteur AGOUT et Docteur LAVIGNAC - Chirurgiens spécialistes de l'épaule à Bordeaux

Qu'est-ce que c'est ?

L’épaule est l’articulation la plus mobile du corps humain, mais cette grande liberté de mouvement la rend également plus vulnérable aux luxations. La plupart des luxations (95%) se font vers l’avant, on parle de luxation gléno-humérale antérieure (entre la glène et l’humérus).
Lorsqu’une luxation de l’épaule se produit de manière répétée, cela peut entraîner une instabilité chronique, une douleur persistante et une limitation des activités.
Il n’est abordé ici que l’intervention de réparation de Bankart antérieur pour le traitement de l’instabilité antérieure de l’épaule.

Qu'arrive-t-il lors d'une luxation ?

Le labrum est une structure fibro-cartilagineuse qui entoure la cavité articulaire de l’épaule et contribue à la stabilité de l’articulation. Lors d’un mouvement brusque ou d’un choc violent, ce rebord en caoutchouc (le labrum) peut se déchirer ou s’arracher. Il ne joue plus son rôle de joint et la tête de l’humérus peut sortir de sa cavité entraînant des douleurs ou une sensation d’instabilité.

Les lésions du labrum sont une cause fréquente d’instabilité antérieure de l’épaule persistante après un 1er épisode traumatique, en particulier chez les jeunes athlètes.
D’autres lésions sont possibles notamment osseuse et tendineuse mais aussi nerveuse. Un bilan complet est réalisé associant un examen clinique précis, des radiographies et le cas échéant un arthroscanner permettant de confirmer le diagnostic et de faire le bilan des lésions liées à cette instabilité (capsulo-ligamentaire, osseuse ou tendineuse).

Qu'est-ce que l'intervention de Bankart ?

L’intervention de réparation de Bankart antérieur est une intervention chirurgicale qui consiste à venir réparer et réinsérer l’enveloppe capsulaire, les éléments ligamentaires et fibrocartilagineux (labrum ou bourrelet glénoïdien) qui assurent la stabilité antérieure de l’articulation.

En accord avec votre chirurgien et selon la balance bénéfice-risque, il vous a été proposé une intervention de Bankart. Le chirurgien vous a expliqué les autres alternatives. En fonction des découvertes peropératoires, des lésions associées ou d’une difficulté rencontrée, votre chirurgien pourrait, le cas échéant, procéder à des gestes complémentaires (comme une réinsertion circonférentielle ou un remplissage).

Elle peut être envisagée en présence d’une luxation antérieure récidivante ; d’une épaule douloureuse et instable avec sensation d’instabilité ou d’appréhension, créant une peur constante de la luxation et limitant les activités.

Bien que bénéfique pour de nombreux patients, l’intervention de réparation de Bankart antérieur n’est pas adaptée à tous. Il est crucial de discuter de votre situation spécifique avec votre chirurgien pour déterminer si cette procédure est la meilleure option pour vous. Voici quelques contre-indications à prendre en compte :

  • Instabilité postérieure ou multidirectionnelle : votre épaule se luxe vers l’arrière ou dans plusieurs directions, d’autres techniques chirurgicales pourraient être plus appropriées.

  • Laxité ligamentaire : Certaines personnes ont une hyperlaxité ligamentaire, c’est-à-dire que leurs ligaments sont naturellement plus lâches que la normale. Dans ces cas, l’intervention de Bankart pourrait ne pas être aussi efficace, car le problème sous-jacent est une laxité généralisée plutôt qu’une lésion spécifique du labrum ou des ligaments de l’épaule.

  • Non-compliance du patient : Le succès de l’intervention de Bankart dépend en grande partie de la rééducation post-opératoire. Si vous n’êtes pas prêt à suivre rigoureusement le protocole de rééducation, qui peut inclure des exercices spécifiques et des restrictions de mouvement pendant plusieurs semaines, l’intervention pourrait ne pas être la meilleure option pour vous.

  • Infection active : Toute infection active, que ce soit au niveau de l’épaule ou ailleurs dans le corps, doit être traitée avant d’envisager une intervention chirurgicale. Une infection active augmente le risque de complications post-opératoires et peut compromettre la guérison.

  • Problèmes de santé graves : Certaines conditions médicales, comme des problèmes cardiaques ou pulmonaires sévères, peuvent augmenter les risques liés à l’anesthésie et à la chirurgie. Il est important de discuter de vos antécédents médicaux avec votre chirurgien et l’anesthésiste pour évaluer les risques potentiels et prendre une décision éclairée.

Technique opératoire

La chirurgie est réalisée sous anesthésie générale et/ou locorégionale. Cette opération se déroule généralement en ambulatoire.

L’intervention se déroule sous arthroscopie. Il s’agit de la méthode la plus commune pour traiter chirurgicalement les lésions de l’épaule. Le chirurgien utilise une caméra et des instruments miniaturisés pour accéder à l’articulation et effectuer les réparations nécessaires. Cette approche permet une visualisation directe des structures anatomiques de l’épaule, ce qui facilite la réparation précise des lésions.

Cette technique mini-invasive permet de limiter les cicatrices post opératoires, de diminuer les douleurs post-opératoires et le risque d’infection, et de faciliter la rééducation en préservant les muscles et en supprimant l’ouverture de l’articulation et les adhérences qui s’en suivent.

Les principales étapes de l’intervention sont :

  1. Anesthésie : Le patient est placé sous anesthésie générale pour assurer son confort et sa sécurité pendant l’opération.

  2. Incisions : De petites incisions, généralement de moins d’un centimètre, sont réalisées autour de l’épaule pour permettre l’introduction de l’arthroscope (une caméra) et des instruments chirurgicaux.

  3. Exploration : L’articulation est examinée en détail à l’aide de l’arthroscope. Le chirurgien évalue l’étendue des lésions du labrum et des ligaments, ainsi que d’autres structures de l’épaule.

  4. Réparation du labrum : Le labrum déchiré est réinséré et fixé à la glène à l’aide d’ancres et de fils de suture. Les ancres sont de petits dispositifs métalliques ou bioabsorbables qui sont insérés dans l’os pour maintenir le labrum en place pendant la cicatrisation.

  5. Réinsertion ligamentaire : Lors de la réinsertion du labrum, les ligaments de l’épaule sont retendus pour améliorer la stabilité de l’articulation.

  6. Fermeture : Les incisions sont suturées avec des points de suture et un pansement est appliqué pour protéger la zone opérée.

Et après l’intervention ?

La rééducation va être débutée selon le protocole remis par votre chirurgien. Pendant la période postopératoire votre autonomie va être diminuée. La mobilité de votre épaule doit être limitée, le temps que les structures réparées cicatrisent et se fixent solidement.
Vous serez revu(e) en consultation et la rééducation sera adaptée à l’évolution de votre épaule. Aucun geste en force ne sera possible pendant 45 jours au moins, délai nécessaire à la bonne cicatrisation.

Bénéfices de l'intervention : retrouver une épaule stable et fonctionnelle

Le but de cette chirurgie est de supprimer les signes cliniques que vous présentez : luxation de l’épaule, impression que l’épaule va se déboiter ou ne bouge pas normalement. Le but de cette opération est aussi d’éviter l’évolution naturelle d’une épaule instable vers une usure plus rapide de votre articulation (arthrose).

L’intervention de réparation de Bankart offre de nombreux bénéfices aux patients souffrant d’instabilité antérieure récidivante de l’épaule :

  • Stabilité articulaire restaurée : La réparation du labrum et la retention des ligaments permettent de limiter la récidive de luxation, offrant ainsi une plus grande sécurité et confiance dans les mouvements de l’épaule. Les patients peuvent reprendre leurs activités sans la crainte constante d’une nouvelle luxation.

  • Réduction de la douleur : La chirurgie permet de traiter la cause sous-jacente de la douleur, à savoir les lésions du labrum et des ligaments, améliorant ainsi le confort et la qualité de vie du patient. La douleur chronique peut disparaître ou être considérablement réduite, permettant au patient de retrouver un sommeil réparateur et de profiter pleinement de ses journées.

  • Reprise des activités : Les patients peuvent généralement reprendre leurs activités quotidiennes et sportives sans crainte de luxation, retrouvant ainsi leur autonomie et leur plaisir de vivre. Ils peuvent se remettre à pratiquer leurs sports favoris, à exercer leur profession sans limitations, et à profiter pleinement de leur vie sociale.

  • Amélioration de la qualité de vie : La stabilité retrouvée et la diminution de la douleur contribuent à une meilleure qualité de vie globale. Les patients se sentent plus confiants, plus autonomes et plus satisfaits de leur état de santé.

 

Les risques de l’intervention de Bankart : une discussion franche avec votre chirurgien

Comme toute intervention chirurgicale, l’intervention de réparation de Bankart comporte certains risques, même s’ils sont généralement rares. Il est essentiel d’en discuter ouvertement avec votre chirurgien avant de prendre une décision.

Les complications postopératoires immédiates sont rares.

Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical. Il peut également survenir un trouble de cicatrisation cutanée ou des brûlures (superficielles) parfois en rapport avec le liquide de rinçage, chauffé par le fonctionnement des instruments. L’évolution est très souvent favorable avec la poursuite des pansements.

L’infection profonde est exceptionnelle. Le taux d’infection est < 0,5% après une intervention de Bankart arthroscopique. Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer 6 semaines avant et 3 mois après l’opération, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection. Les consignes de préparation cutanée doivent être soigneusement respectées.

Il est possible d‘observer une obstruction des vaisseaux sanguins (par des caillots de sang) dans le bras ou dans les jambes (phlébites) avec un risque de migration au poumon (embolie). Si le risque est jugé important, un traitement anticoagulant préventif sera donné.

Des nerfs ou des vaisseaux sanguins peuvent être touchés pendant l’opération ou suite à une migration des moyens de fixation. Cela peut entraîner des troubles de fonctionnement ou de sensibilité de certaines parties du bras.

Les complications secondaires

Sont représentées par les raideurs post opératoires douloureuses dénommées capsulites rétractiles. Il s’agit de phénomènes douloureux et inflammatoires avec rétraction de la capsule entraînant une diminution de la mobilité passive et active de l’épaule. Celle-ci peut durer de 12 à 18 mois entraînant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Cela peut parfois entraîner une raideur partielle séquellaire. Leurs survenues, leurs évolutions et les séquelles potentielles ne sont pas prévisibles.

Les complications tardives

La récidive de l’instabilité avec luxation ou subluxation peut survenir avec un taux < 5% après une intervention de réparation de Bankart arthroscopique.

Une arthrose précoce de l’épaule est l’évolution classique d’une épaule instable que ne peut empêcher une stabilisation de Bankart.

La mobilisation des ancres est exceptionnelle tout comme une réaction à leur sujet.
Enfin, des douleurs séquellaires isolées sans lésion anatomique peuvent persister.

La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce que vous avez compris et accepté.

En résumé

La stabilisation de l’épaule par technique de réparation de Bankart antérieur est un geste chirurgical fréquent en orthopédie souvent réalisé sous arthroscopie. C’est une opération délicate et son résultat sera conditionné par une rééducation bien conduite. Les amplitudes articulaires peuvent être diminuées, sans que votre vie professionnelle ou sportive n’en soit affectée. L’évolution est longue et se fait sur plusieurs mois avant de récupérer ses amplitudes de mouvement définitives.

Le but de cette opération est de faire disparaître l’appréhension (peur de se re-luxer) et les luxations. En l’absence de complication ou de récidive, cette opération permet au patient de retrouver une épaule stable.

Références

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